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17 mai 2020
L'odeur au service des agriculteurs

Remplacer les insecticides par le biocontrôle

Remplacer les insecticides par des attractifs olfactifs comme un outil de biocontrôle.

3 questions à une jeune pousse : Agriodor

Fruit de cinq années de recherches à l’Inra, Agriodor propose de remplacer les insecticides par des attractifs olfactifs comme un outil de biocontrôle. Ené Leppik, présidente d’Agriodor nous présente cette startup qui, depuis sa création en janvier 2019, met l’odeur au service de l’agriculture.

Que propose exactement la startup Agriodor ?

Ené Leppik : Nous sommes un peu une parfumerie pour insectes ! (rires) Nous utilisons, pour remplacer les pesticides, des kairomones, des odeurs attractives pour piéger les insectes. Ce parfum est diffusé dans l’air pour éviter le contact avec l’utilisateur, ou avec la culture. C’est super car, plutôt que de polluer le sol et de tuer les pollinisateurs (abeilles, bourdons…), nous utilisons l’obsession de l’animal pour l’attirer ailleurs. En effet, la bruche est un insecte « spécialisé », fortement attiré par la féverole, une légumineuse qui, cultivée en association avec le blé, augmente ses rendements. Il faut savoir que les insectes sont quasiment aveugles et ont une perception de la lumière tout à fait différente de celle des primates. Ils ne distinguent que des contrastes en noir et blanc. En revanche, ils ont un excellent odorat qui cible la féverole en particulier. Notre travail a donc consisté en premier lieu à prélever des odeurs de la légumineuse au stade feuille (sans les insectes), au stade fleur (les insectes commencent à les coloniser) puis au stade gousse (le moment où les femelles pondent). Ces prélèvements et leur identification ont été effectués à l’Inra de Versailles. Nous faisions des tests sur les antennes pour comprendre ce que les insectes perçoivent… et nous nous sommes rendus compte qu’ils ne perçoivent qu’une fraction des odeurs ! Nous sommes ainsi parvenus à deux formulations : une pour les fleurs et une pour les gousses, qui a fait l’objet d’un brevet.

Depuis quand, et comment travaillez vous avec l’Inra ?

Ené Leppik : C’est après avoir étudié l’écologie évolutive – et notamment le modèle des oiseaux et des insectes – à l’université de Tarfu, en Estonie, que je suis partie en France, pour faire un master à l’université Paris-Sud. C’est à ce moment-là que je me suis intéressée à la communication chimique des insectes. J’ai effectué plusieurs stages ainsi qu’une thèse à l’Inra de Versailles, avec l’équipe Chimio-réception et adaptation (CREA) dirigée par Emmanuelle Jacquin-Joly, au sein de l’unité iEES (Institut d’écologie et des sciences de l’environnement), sur l’écologie chimique des insectes ravageurs. J’ai beaucoup appris au contact de Brigitte Frérot, ingénieure de recherche, sur le comportement des insectes, l’identification des phéromones et sur les kairomones. Ces travaux, qui ont duré plusieurs années, ont été intenses. Puis, dans le cadre des projets de recherches comme RAVIRA, l’ANR PeaMUST ou Sweet, j’ai approfondi le travail sur les odeurs, sur les relations entre plantes et insectes, en lien avec le biocontrôle. Et à partir de septembre 2018, nous avons eu des discussions avec Inra Transfert, jusqu’à l’obtention d’un accord de licence exclusive. Nous avons également une convention d’accueil à l’unité iEES de l’Inra de Versailles, et nous pouvons accéder au matériel de chimie analytique et au laboratoire d’entomologie. Nous sommes aussi très soutenus par Camille Michon, directrice du centre, qui nous reçoit souvent et a l’habitude de travailler avec les entreprises. C’est très agréable !

Notre objectif est de résoudre le problème de toxicité des pesticides utilisés sur la féverole en trouvant des alternatives.

Ené Leppik

Agriodor

Et comment voyez-vous l’avenir de la startup ?

Ené Leppik : Cette année, nous mettons toute notre énergie sur le POC – Proof of Concept, ou étude de faisabilité car, maintenant que nous savons que cela fonctionne, nous devons prouver l’impact sur la qualité de la récolte. Le but est d’arriver à limiter les pertes à 10 % maximum. Nous avons installé les pièges, et nous saurons fin août si c’est efficace ou pas. Si ça l’est, c’est parfait, nous pourrons vendre notre produit aux agriculteurs via la coopérative. Et nous lancerons une levée de fonds en parallèle. Nous souhaitons également développer notre activité sur d’autres cultures comme celles des lentilles, des pois…

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